Casaquins plissés, part deux - la doublure

IMG_8600Voilà, voilà, j'vous oublie pas ! Le problème, quand on essaie de documenter un projet pas-à-pas, c'est que ça fait beaucoup de photos et que quand on finit par être charrette sur la fin, on oublie les photos. Voilà, vous êtes prévenus. C'est un petit récit pas-à-pas sans prétention de nos aventures, pas un cours formel de techniques de coupe et de moulage.

IMG_8602Donc nous en étions restés la dernière fois à la liste des ingrédients : de quoi coudre à la main, du tissu, du tissu pour doublure, de la patience et toutes les épaisseurs nécessaires sous le casaquin. La première étape, ça va être la doublure - oui, c'est contre-intuitif quand on pratique la couture moderne.

Le dos

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On s'arme de crayons, d'épingles, de notre tissu pas trop cher (coton de base du grand suédois, chutes d'indienne ou de tissus rayés... il faut que ça aie un minimum de tenue quand même). On commence par le dos. On prend un grand rectangle, en laissant une belle marge en hauteur et en largeur, on épingle le milieu sur le milieu dos en mettant bien le droit-fil à la verticale siouplé.
Notre doublure va s'arrêter à la taille, donc on crante, on enlève le gros du surplus de tissu, on laisse de quoi faire un petit ourlet quand même.

IMG_8606Comme on le voit à droite (et aussi à gauche en fait), nous n'avons pas hésité à porter des marques directement sur le tissu - de une, au crayon cela se voit peu et s'efface assez vite, de deux, l'extérieur de la doublure sera recouvert par le joli tissu extérieur de toute manière.
IMG_8681L'avantage indéniable du corset, c'est qu'il protège la peau des épingles (sauf épingle sournoise qui se glisse entre deux baleines, ah, la vile !), et qu'on peut épingler dedans, ça ne bouge pas. Le désavantage, c'est que c'est quand même assez galère à épingler dedans (demandez à l'articulation digitale en congé maladie d'Eysmé).

IMG_8607IMG_8639Une fois qu'on a le gros du dos bien lissé, sans plis, qu'on a pas déglingué notre droit-fil, on lisse jusqu'à l'endroit où on va mettre notre couture de côté - si ce n'est pas pile l'endroit où sera la couture de côté du tissu extérieur, ce n'est pas archi grave. On épingle le long de la ligne, et on se préoccupe des autres bord de la pièce du dos : le haut, l'emmanchure, l'accroche de la bretelle. Comme vous ne ferez pas les mêmes erreurs que nous (c'est à ça que ça sert, ce genre de post), vous veillerez à bien garder une bonne marge de couture, notamment à l'emmanchure. Genre ce qui vous semble nécessaire, plus un peu de rab. La ligne d'emmanchure doit être près du corps, sans pincer ni gêner les mouvements.

Nous avons bien mis en place toute la pièce du dos (comme ça, elle bougera pas, na !), mais pour la suite nous avons drapé un seul côté, et reproduit à l'identique pour le second. Avec option retouche entre la doublure et la suite du drapage pour votre scoliotique rédactrice qui n'a pas les deux épaules à la même hauteur.

Le devant et la bretelle

IMG_8641On commence par préparer le terrain selon où le casaquin doit se fermer. Si c'est pile au milieu comme pour le casaquin à zone d'Eysmé, c'est tout bon. S'il doit y avoir une pièce d'estomac ou des compères, on repère au moins de te leur emplacement - pour Heileen ce fut fait à l'oeil, pour moi nous avons utilisé une pièce d'estomac de mon placard.
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On procède de la même manière : un rectangle de tissu, le droit fil épinglé bien droit au milieu devant. C'est le moment où Eysmé a commencé à regretter la non-conformité historique de son corset, on a du lui épingler dans les rubans de fermeture et la pseudo-chemise.
IMG_8653On lisse en veillant à bien rester d'aplomb jusqu'à la couture du côté, et hop ! on épingle sur la pièce du dos. Bon, dit comme ça, ça gomme quand même tout le bonheur ineffable qu'on éprouve à essayer d'épingler un tissu bien tendu par-dessus un corset bien rigide sans épingler ledit corset, ni à plus forte raison la personne qui le remplit.
Une fois le côté bien ajusté, on revérifie une énième fois qu'on a toujours le droit-fil bien vertical et l'horizontale bien horizontale. Si tout va bien et qu'on a bien épinglé en place la totalité de la pièce, on coupe le surplus sur le côté, à la taille, devant, au décolleté.

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Là, ça commence à faire long tout ça...
IMG_8696Pour la bretelle, soit on coupe droit à peu près au niveau de l'aisselle, comme sur Eysmé et moi, soit on est courageuse (et la forme du devant s'y prête) et on fait une seule pièce jusqu'au dos. On fixe à la pièce du dos en biais (ça descend vers l'extérieur), en ligne droite.
IMG_8709Dernière étape, fignoler l'emmanchure. Le point le plus haut doit passer juste sur le petit bout os qui fait saillie sur le dessus de l'épaule. Comme dit précédemment, ça ne doit pas pincer, pas être trop large non plus. Grand débat avec Eysmé sur qu'est-ce qui est "trop large" - personnellement, vu la (non-)largeur de mes bras, j'aime bien que mes emmanchures soient vraiment au plus près sous l'aisselle, ça me permet d'avoir une amplitude raisonnable de mouvements sans devoir recourir à des manches exagérément larges. Eysmé préfère un peu plus large - comme quoi, il a y a une certaine marge d'adaptabilité selon les morphologies...
Là où vous avez plus de marge, c'est derrière, à la jonction entre la bretelle et le dos ; l'emmanchure peut assez facilement partir vers le milieu du dos. Les deux pièces ne forment pas une ligne continue, mais plutôt un angle, qui peut aller, disons, jusqu'à pas loin de 90°.

C'est fini !

IMG_8769Pour la doublure en tout cas. Première précaution, si vous ne l'avez pas fait au fur et à mesure, ne pas juste épingler mais marquer au crayon les lignes de couture. Il ne reste plus qu'à retirer délicatement le tout (c'est en général là qu'on s'aperçoit que quand on a joint deux pièces, une fois sur deux on a épinglé le corset avec, et qu'on jure comme un charretier), sans perdre trop d'épingles dans la mêlée (d'où les marques au crayon, au cas z'où), à recouper joliment valeurs de couture et marges d'ourlet, à couper les symétrique. On bâtit, on fait un essayage pour vérifier que, quand même, ça nous va, parce que mince, ce serait dommage de faire la suite sur une doublure mal ajustée.
Si tout va bien, on fait les coutures définitives, et on bâtit l'ourlet du bas et celui du haut du dos - ah oui, petit précision, on pense à mettre les valeurs de couture, les replis d'ourlet, tout ça... non pas vers le corps mais vers l'extérieur, de façon à ce que se soit planqué entre la doublure et le jolie tissu extérieur. Oui, du coup, ma doublure à gauche là, elle est à l'envers sur la photo, en fait. Et j'aurais du me dispenser de bâtir un ourlet à l'emmanchure - mais bon, ces emmanchures et moi, ça a été une histoire plein de ratés.

Et voilà, on va s'arrêter là, déjà parce que pour la suite je suis beaucoup moins fournie en photos, et aussi parce que ça commence à faire une sacrée tartine. Mais vous savez la bonne nouvelle ? Si vous avez suivi les mêmes étapes, vous tenez entre vos mains une doublure qui va pouvoir vous servir pour draper non seulement un casaquin à la française, mais aussi une française tout court, une anglaise en fourreau... Moi j'dis ça, j'dis rien. Enfin si : on se fait quand le prochain atelier, les filles ?

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