Mode et musée - Exposition Jeanne Lanvin au Palais Galliéra
Le mois dernier, je me suis accordée quelques jours de vacances parisiennes, sans enfants et sans couture, mais avec beaucoup (beaucoup !) de musées. L'occasion de discuter avec vous des jolies choses à voir en ce moment en matière de belles robes.
Exposition Jeanne Lanvin au Palais Galliera du 8 Mars au 23 Août 2015, copyright Lanvin, photographe James Bort. |
L'exposition de costumes dont j'attendais beaucoup, c'était Lanvin au Palais Galliéra.
J'ai un grand amour et une énorme admiration pour le travail de Jeanne Lanvin, c'est surtout pour cette expo que je suis "montée" à Paris, à la base. L'exposition a reçu son lot de critiques élogieuses (là et là par exemple). Pour ma part je lui ferai le même type de reproches que j'avais déjà vis-à-vis des précédentes expositions, Balenciaga etDior Les années 50 :
Mais.
Mais les robes jetées en vrac dans les vitrines.
Mais les vitrines inaccessibles aux enfants et aux personnes handicapées.
Mais la circulation chaotique des visiteurs qui ne savent pas par où aller après.
Mais la chronologie en vacances, qui ne va pas aider le "béotien" à s'y retrouver.
Mais des textes suffisamment pompeux et pédants pour utiliser le mot "béotien". Sans second degré.
Mais interdiction de prendre des photos*.
Mais des cartouches au niveau du sol dans un faible éclairage.
Mais on donne des noms de modèles à tout va, sans indiquer si et où on peut trouver les modèles en question (parfois à trois salles de distance, un exploit vu la taille du musée Galliéra !).
Mais les robes de style présentées sans mannequin, et mélangées avec un déguisement, avec des indications trompeuses qui font croire qu'elles étaient rondes plutôt qu'élargies sur les côtés.
Mais une utilisation à tout va d'extraits de magazines de mode, cités sans aucune distance critique
En bref, j'ai vu des belles robes, plein de belles robes, de très belles robes, des échantillons à tomber et un travail du tissu à tomber, mais pour la façon de les présenter, de les replacer dans leur contexte ou d'en apprendre plus sur les techniques ou la maison Lanvin, je suis ressortie plutôt fâchée. L'exposition veut vendre "du rêve et de la mode"**, pas allumer des lumières dans les cerveaux des visiteurs.
*à l'argument de la "copie", je rappellerai que l'expo Balenciaga était pleine de photographes en herbe, que l'expo Gauthier autorise les photos, que n'importe qui peut se procurer le catalogue (ou d'autres livres, certains comprenant même des patrons de robes Lanvin) et prendre des notes pendant l'exposition.
**dixit Albert Elbaz, patron actuel de la maison Lanvin et qui a directement participé à la scénographie.
Je me rattrape en contemplant le catalogue. Petit bémol sur lui aussi : 45 euros pour une reliure souple qui s'abîme très vite, c'est un peu cher, ne serait-ce que par rapport aux autres catalogues ramenés du même vpyage.
Beaucoup de photos en pleine page (ça, c'est bien !) mais pas de photos de détails (ça, c'est rageant !). Beaucoup de photos à plat aussi, de robes mannequinées dans l'exposition, et des photos mannequinées de certaines présentées à plat. Cela me sera peut-être bien utile le jour où je me lance dans une autre création inspirée Lanvin, mais la logique m'échappe.
Je passe sur les textes, qui ont les mêmes défauts que ceux de l'exposition, et je partage avec vous quelques-uns de mes coups de cœur :
La robe "Mille et Une Nuits" (1925) - qui a hélas perdu sa ceinture. Et ses photos portée par un mannequin.
J'ai un grand amour et une énorme admiration pour le travail de Jeanne Lanvin, c'est surtout pour cette expo que je suis "montée" à Paris, à la base. L'exposition a reçu son lot de critiques élogieuses (là et là par exemple). Pour ma part je lui ferai le même type de reproches que j'avais déjà vis-à-vis des précédentes expositions, Balenciaga et
- une vision de la mode comme seule histoire du vêtement des riches et puissants
- une pédagogie inexistante
- une ergonomie pour le visiteur allant du médiocre au déplorable
Mais.
Mais les robes jetées en vrac dans les vitrines.
Mais les vitrines inaccessibles aux enfants et aux personnes handicapées.
Mais la circulation chaotique des visiteurs qui ne savent pas par où aller après.
Mais la chronologie en vacances, qui ne va pas aider le "béotien" à s'y retrouver.
Mais des textes suffisamment pompeux et pédants pour utiliser le mot "béotien". Sans second degré.
Mais interdiction de prendre des photos*.
Mais des cartouches au niveau du sol dans un faible éclairage.
Mais on donne des noms de modèles à tout va, sans indiquer si et où on peut trouver les modèles en question (parfois à trois salles de distance, un exploit vu la taille du musée Galliéra !).
Mais les robes de style présentées sans mannequin, et mélangées avec un déguisement, avec des indications trompeuses qui font croire qu'elles étaient rondes plutôt qu'élargies sur les côtés.
Mais une utilisation à tout va d'extraits de magazines de mode, cités sans aucune distance critique
Exposition Jeanne Lanvin au Palais Galliera du 8 Mars au 23 Août 2015, copyright Lanvin, photographe James Bort. |
En bref, j'ai vu des belles robes, plein de belles robes, de très belles robes, des échantillons à tomber et un travail du tissu à tomber, mais pour la façon de les présenter, de les replacer dans leur contexte ou d'en apprendre plus sur les techniques ou la maison Lanvin, je suis ressortie plutôt fâchée. L'exposition veut vendre "du rêve et de la mode"**, pas allumer des lumières dans les cerveaux des visiteurs.
*à l'argument de la "copie", je rappellerai que l'expo Balenciaga était pleine de photographes en herbe, que l'expo Gauthier autorise les photos, que n'importe qui peut se procurer le catalogue (ou d'autres livres, certains comprenant même des patrons de robes Lanvin) et prendre des notes pendant l'exposition.
**dixit Albert Elbaz, patron actuel de la maison Lanvin et qui a directement participé à la scénographie.
Je me rattrape en contemplant le catalogue. Petit bémol sur lui aussi : 45 euros pour une reliure souple qui s'abîme très vite, c'est un peu cher, ne serait-ce que par rapport aux autres catalogues ramenés du même vpyage.
Beaucoup de photos en pleine page (ça, c'est bien !) mais pas de photos de détails (ça, c'est rageant !). Beaucoup de photos à plat aussi, de robes mannequinées dans l'exposition, et des photos mannequinées de certaines présentées à plat. Cela me sera peut-être bien utile le jour où je me lance dans une autre création inspirée Lanvin, mais la logique m'échappe.
Je passe sur les textes, qui ont les mêmes défauts que ceux de l'exposition, et je partage avec vous quelques-uns de mes coups de cœur :
Robe "Cadix", été 1921 |
Les photos en pied ne rendent pas justice au splendide travail de cette robe et de ses voisines d'exposition, des applications de lacet et de la broderie de perles.
Malgré mes critiques, je vous recommande chaudement d'aller vous faire du bien aux yeux et à l'âme dans cette exposition.
Niveau bouquins, il y a le catalogue bien sûr, si comme moi vous aimez vous replonger dans la visite sans devoir prendre des tonnes de notes.
Si vous voulez plutôt un vrai bon ouvrage sur Lanvin avec un contenu didactique autrement plus conséquent, il y a par contre cette énorme monographie de Dean Merceron. C'est en Anglais, mais très clair, bien documenté, un livre à la fois superbe et très intéressant.
Pour compléter l'exposition, le blog Les Petites Mains a également fait un long article remettant en contexte les créations Lanvin, par rapport à leur époque et à leurs inspirations.
L'exposition Lanvin s'achève bientôt, mais tant que nous sommes à parler du Palais Galliéra, l'exposition qui est prévue juste après s'annonce superbe elle aussi : "La mode retrouvée, les robes-trésors de la Comtesse Greffulhe", du 7 novembre 2015 au 20 mars 2016.
"Pour la première fois, le Palais Galliera expose la garde-robe d’exception de la comtesse Greffulhe, née Élisabeth de Caraman-Chimay (1860-1952). Cousine de Robert de Montesquiou, passée à la postérité sous la plume de Marcel Proust dans le célèbre roman À la recherche du temps perdu, la comtesse prête ses traits à la duchesse de Guermantes." Miam !
Niveau bouquins, il y a le catalogue bien sûr, si comme moi vous aimez vous replonger dans la visite sans devoir prendre des tonnes de notes.
Si vous voulez plutôt un vrai bon ouvrage sur Lanvin avec un contenu didactique autrement plus conséquent, il y a par contre cette énorme monographie de Dean Merceron. C'est en Anglais, mais très clair, bien documenté, un livre à la fois superbe et très intéressant.
Pour compléter l'exposition, le blog Les Petites Mains a également fait un long article remettant en contexte les créations Lanvin, par rapport à leur époque et à leurs inspirations.
L'exposition Lanvin s'achève bientôt, mais tant que nous sommes à parler du Palais Galliéra, l'exposition qui est prévue juste après s'annonce superbe elle aussi : "La mode retrouvée, les robes-trésors de la Comtesse Greffulhe", du 7 novembre 2015 au 20 mars 2016.
"Pour la première fois, le Palais Galliera expose la garde-robe d’exception de la comtesse Greffulhe, née Élisabeth de Caraman-Chimay (1860-1952). Cousine de Robert de Montesquiou, passée à la postérité sous la plume de Marcel Proust dans le célèbre roman À la recherche du temps perdu, la comtesse prête ses traits à la duchesse de Guermantes." Miam !